Élément fort du patrimoine culturel immatériel de Bretagne, la danse s’est aussi frayée une place de choix dans les archives. Des descriptions d’auteurs romantiques aux « tutos » de cercle ciracassien, les témoignages sont riches d’enseignements, notamment sur la manière dont les danseurs abordent ces moments de convivialité au fil des générations.
Dans la littérature
Comme Madame de Sévigné au XVIIe siècle. Plusieurs auteurs ont depuis longtemps témoigné de la ferveur bretonne pour la danse. Ils renseignent sur l’importance et la singularité de sa pratique aux siècles passés.
« Après le dîner, MM. De Locmaria et Coëtlogon dansèrent avec deux bretonnes des passe-pieds merveilleux et des menuets d’un air que les courtisans n’ont pas à beaucoup près : ils y font des pas de bas Bretons avec une délicatesse et une justesse qui charment […] ; c’est quelque chose d’extraordinaire que cette quantité de pas différents et cette cadence courte et juste. »
Extrait de « Mme de Sévigné en Bretagne », Léon de la brière, p. 172.
Contributeur : Gallica
«On chante des chansons fort gaies, sur des airs pleins de vivacité, d’une mesure pressée. On danse avec un à-plomb une justesse d’oreille inimaginables(…)»
Extrait de Voyage dans le finistère […], Jacques Cambry, p.65
«Une chose également digne de remarque, c’est qu’aucun peuple n’a plus d’oreille, et que dans ces branles de 100 à 200 personnes vous n’en apercevez pas une qui tombe à contre-mesure, et nuise par un mouvement faux à l’ensemble de l’harmonie générale .»
Citation extraite de Galerie bretonne ou vie des bretons de l’Armorique. Olivier Perrin, Texte par Alexandre Bouet. p.104.
Danse et vie quotidienne
Dans la société traditionnelle, la danse fait partie intégrante des journées de grands travaux agricoles. On danse alors entre voisins, ou au sein de la communauté villageoise après un effort collectif, on parle alors de «danse communautaire».

Dans la région du Poher, à l’ouest de Carhaix, on emploie déjà au début du XXe siècle le terme bien connu aujourd’hui de fest noz (littéralement « fête de nuit »). Il décrit ces momentsd’exutoire ou le chant et la danse sont intimement mêlés, les chanteurs y mènent la ronde au milieu des danseurs.

Les noces et les pardons sont aussi de bons prétextes pour danser, chaque terroir développant ses propres pas au son de la voix, de la bombarde et du biniou pour les plus connus, mais aussi de l’accordéon, de la clarinette du violon, de la vielle ou de la veuze.
danses à Surzur lors d’un mariage, 1939 – contributeur : MUCEM
Vieille à roue à Montcontour, Vie Montcontour – Ploeuc [la], 1948. Cinémathèque de Bretagne. Ces pratiques connaissent un lent déclin dès la fin du XIXe mais perdurent encore jusqu’à la seconde guerre mondiale. De nouvelles modes arrivent alors et les nouvelles danses en couple prennent peu à peu le pas sur les vielles rondes.
https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/1100587999&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=true&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=false
Dastum · Information sur les danses (Ronds, avant-deux, badoise)
Fest-Noz et Renouveau
Dans les années 50, Loeiz Roparz de Poullaouen et d’autres militants culturels s’inspirent des vielles fêtes communautaires d’avant-guerre, et inventent les premiers vrais fest noz. Les cercles celtiques, dont les premiers sont créés dès le début du XXe siècle, contribuent activement au succès de ces fêtes. La danse quitte alors la cours de ferme pour rejoindre la salle des fêtes.
Ce phénomène culturel, qui réunit toutes les générations et tous les milieux sociaux, a beaucoup évolué mais reste très ancré dans la société bretonne d’aujourd’hui. Pour preuve, les documentaires qui témoignent de son ancrage dans la société moderne (comme Une nuit en Bretagne, 2017), ou encore les affiches de Fest-Noz qui jonchent chaque week-end les routes de Bretagne. Des « tutos » permettant de s’exercer chez soi complètent même la panoplie de l’apprenti danseur.
Une nuit en Bretagne, Sébastien Le Guillou (2017) – site BED
vidéo : becédia, tuto danses bretonnes, Bretagne Culture Diversité
Écrit par Marc-Antoine Ollivier