Dans l’entre-deux guerres, l’artiste Jeanne Malivel (1895-1926) prend part au mouvement des Seiz Breur, un mouvement artistique guidé par la volonté de donner une image moderniste de la Bretagne, sans renier les apports de la tradition. Aux cotés d’artistes tels que René Yves Creston et Xavier de Langlais, Jeanne Malivel emploie de nombreuses techniques et s’intéresse particulièrement à la gravure, à la peinture et à la sculpture.
Née à Loudéac (Côtes-d’Armor) en 1895, et douée pour le dessin, Jeanne Malivel se destine à une carrière d’artiste. Elle se forme aux Beaux-arts de Paris puis devient professeure aux Beaux-Arts de Rennes en 1921.
Ce reportage relate son parcours, grâce au témoignage de son neveu, Pierre-Anne Cordier, interrogé par René Gicquel :
Source : L’ouest en mémoire (INA)
Gravure sur bois et céramique
Durant sa courte existence, Jeanne Malivel est une artiste prolifique, proposant des créations d’un genre à part, au croisement d’inspirations celtes et art déco.
Parmi les techniques privilégiées par cette artiste, la gravure sur bois : elle réalise notamment plusieurs illustrations pour des journaux ou des brochures. Ici, il s’agit d’un carton d’invitation réalisé par Jeanne Malivel à l’occasion de son exposition à la galerie Carré à Rennes, en avril-mai 1923. Lors de cet évènement, elle présente quatorze peintures, trente gravures, des broderies, croquis et aquarelles.
L’artiste s’intéresse également à la céramique, Ici, une céramique avec un décor géométrique, similaire à des motifs que l’on retrouve sur des meubles qu’elle dessine. L’utilisation du jaune et du noir est aussi originale par rapport aux créations de l’époque. Ce plat en émail a été réalisé par la célèbre faïencerie Henriot en 1925.
Des réalisations communes
Jeanne Malivel travaille en synergie avec d’autres artistes. Elle a notamment développé son art dans le domaine du mobilier, avec plusieurs ensembles de meubles : chaises, armoires, table, ou encore horloge. Cette armoire en bois fait partie d’un ensemble de meubles, dessinés à la fois par les artistes Jeanne Malivel, René-Yves Creston et Gaston Sebilleau, à l’occasion de l’exposition des arts décoratifs industriels modernes à Paris en 1925.
Cette armoire apartient à un ensemble de meubles créés par les Seiz Breur, qui comprend deux bonnetières, une horloge, un buffet, une table, un banc et 4 chaises. Ces meubles constituent la première réalisation commune de la fraternité « Seiz Breur ».
Jeanne Malivel prend part à plusieurs collectifs. Ce travail à plusieurs est également mené en illustrant des revues comme avec cette série d’illustrations, faites de gravure sur bois. Ce modèle « Groupe de quatre hommes sous un arbre », daté entre 1921 et 1925, a été réalisé pour la revue « Feiz ha Breiz ».
Une artiste engagée dans l’entre-deux guerres
Jeanne Malivel ambitionne de mettre son art au service de ses idées politiques et ainsi mettre en avant les idées du mouvement breton de l’époque. On peut le voir avec l’exemple de cette gravure réalisée en 1920, qui prend la forme de propagande en faveur de la langue bretonne :
La modernité d’une oeuvre
Enceinte et malade, Jeanne Malivel décède en 1926 à Rennes. Elle laisse derrière elle une série d’œuvres singulières. Ses productions sont détenues par des particuliers et certaines œuvres ont été acquises par des musées. Son héritage est aujourd’hui l’objet d’une association qui lui rend hommage, « Les amis de Jeanne Malivel ».
Ici, on voit une réutilisation de motifs crées par l’artiste sur une serviette en tissu imprimée par Le Minor. Une réalisation produite à l’occasion des 120 ans de sa naissance.
En complément, des dossiers thématiques sont à lire sur Bécédia :
– sur René-Yves Creston, autre membre des Seiz Breur
– Seiz Breur, mythe et réalité