Marc’harid Fulup, passeuse du répertoire populaire breton

Chansons, contes, légendes, dictons : la transmission orale du répertoire traditionnel et populaire est une réalité en Bretagne. Cette matière a été collectée depuis le XIXe siècle auprès d’informatrices et d’informateurs détenteurs d’un répertoire exceptionnel. C’est le cas de Marc’harid Fulup, une Trégorroise douée d’une mémoire prodigieuse, qui devint l’informatrice de François-Marie Luzel et d’Anatole Le Braz.

Originaire de Pluzunet dans le Trégor, de son nom civil Marguerite Philippe, Marc’harid Fulup naît en 1837. Son enfance est marquée par un accident de la main, ce qui l’empêche de pratiquer des travaux manuels.  Pour gagner sa vie, elle se déplace dans la région pour effectuer des pélerinages par procuration. Elle y apprend des contes et des chants. Elle ne savait ni lire ni écrire. « (…) bercée par la musique des vieilles chansons bretonnes, douée aussi d’une prodigieuse mémoire, elle s’en fit le collecteur incomparable. Il en fut de même pour les antiques légendes du pays natal. Infirme de naissance, elle se fit pélerine par procuration ce qui consiste à faire des pélerinages pour des malades. Elle a donc pu léguer tout un vrai trésor de littérature populaire bretonne aux infatigables folkloristes Luzel et Le Braz. » (source : Cartolis)

Un répertoire hors-normes

Elle connaît des centaines de chansons, de gwerz et de contes (259 chansons). Les collecteurs Anatole Le Braz et François Marie Luzel récoltent ses chants et les retranscrivent. Ce dernier l’enregistre même sur des rouleaux de cire en 1900. Ce sont parmi les plus anciens enregistrements de chants en langue bretonne.

Pour écouter ces enregistrements, voici la sélection de documents disponibles sur Bretania grâce à Dastum : enregistrements de M. Fulup ainsi qu’une conférence à son sujet.

Parmi ces enregistrements, on peut écouter Gousperou ar ranned, une chanson énumérative très ancienne, qui compte de nombreuses versions.

Marc’harid décède en 1909. Son amie, Ange Mosher, originaire des États-Unis, est une riche mécène passionnée par la Bretagne. Elle lui offre une tombe en granit, sculptée par Yves Hernot, sur laquelle il est inscrit 

« Eun dra hepken em euz graet en buhez kana » soit « La seule chose que j’ai faite dans ma vie, C’est chanter ! ».

Pour mieux connaître son parcours, l’ARSSAT (Association pour la Recherche et la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor) met à disposition les actes d’une conférence, que l’on retrouve ici.


Postérité

En 1910, un an après ses obsèques, a lieu une cérémonie en son honneur, le « bout de l’an » regroupant de nombreuses personnalités de l’époque. Le tout est immortalisé sur des photographies. On y retrouve Madame Mosher au centre ainsi que Théodore Botrel, Taldir Jaffrenou, Anatole Le Braz et Charles Le Goffic.


« Le bout de l’an de Marc’harit Fulup, chanteuse populaire. » Source : Archives départementales des Côtes d’Armor

Une statue lui est dédiée à Pluzunet. Elle a été réalisée en 1971 par le sculpteur Morley Troman.

« Monument commémoratif : statue de Marc’harit Fulup » Source : L’inventaire du patrimoine culturel en Bretagne

Pour approfondir ce sujet sur Bécédia, voir les articles :
– Les gwerzioù
– Le conte en Bretagne
– François-Marie Luzel

Écrit par Soizick Aubry

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